Le testament

Le testament spirituel de Jean-Baptiste Willermoz : 
la lettre du 30 mars 1822

 


Dans le silence profond de la vieillesse, Jean-Baptiste Willermoz, figure centrale du Régime Écossais Rectifié, adresse à Jean de Türckheim une lettre qui dépasse la simple correspondance fraternelle. Datée du 30 mars 1822, elle s’impose comme un véritable testament spirituel, rédigé par un maître parvenu au terme de son parcours initiatique. Ce texte, empreint de gravité et de paix intérieure, scelle la clôture définitive du cycle des Élus Coën et affirme la légitimité doctrinale du Régime Rectifié comme voie opérative, intérieure.


La fin d’un cycle : extinction providentielle de la filiation Coën
Willermoz y rappelle avec clarté que la filiation Coën est désormais éteinte. Aucun initié vivant — ni lui-même, ni Frédéric Rodolphe Salzmann — ne peut transmettre légitimement le système complet institué par Martinez de Pasqually. Cette extinction n’est pas le fruit d’un
oubli ou d’une négligence, mais une disposition providentielle. Le cycle Coën était limité dans le temps, lié à des instruments et des hommes précis. Le dépôt est scellé par fidélité à l’ordre divin. Salzmann, bien qu’ayant reçu l’intégralité de la transmission, refusa systématiquement de la perpétuer, devenant ainsi gardien du silence plutôt qu’artisan d’un
renouveau illusoire.


La transmutation doctrinale dans la Grande Profession 


Loin d’un abandon, Willermoz affirme que l’essence doctrinale du système Coën a été conservée et transposée dans la classe de la Grande Profession du Régime Rectifié. Conçue dès le Convent des Gaules et achevée avec Salzmann, cette classe — qui inclut les grades de
Profès et de Grand Profès — est épurée de toute forme théurgique. Elle transmet la doctrine de la Réintégration dans une forme renouvelée, autonome, et dégagée de toute référence explicite à Pasqually. Ce grade constitue le « sceau » du Régime Rectifié, porteur des vérités les plus hautes de la tradition Coën, transmutées dans une simplicité rituelle qui dissimule une profondeur mystique.


Contre l’ésotérisme formel : une voie du cœur et du silence

 

Willermoz met en garde contre la tentation de l’ésotérisme formel. La vérité initiatique ne dépend ni du nombre de grades ni de leur structure ancienne. Elle réside dans la fidélité au Dessein divin, dans la prière constante et dans la droiture du cœur. Les symboles ne sont que
des véhicules : seule la lumière intérieure guide l’élévation spirituelle. Le silence devient ainsi la forme ultime de la fidélité. Aucun grade, aucun rite ne saurait égaler l’opération lente et cachée par laquelle l’âme se réintègre dans l’ordre de sa nature primitive.


Le dépôt sacré : secret, discernement et christianisme intérieur
Willermoz confie à Türckheim la responsabilité de garder cette lettre dans le secret des Grands Profès de la Ve Province de Bourgogne. Le dépôt sacré ne doit pas être multiplié sans discernement, mais vécu intérieurement. Ni lui, ni Salzmann — décédé un an plus tôt — ni
aucun autre Frère à Lyon ne transmettront plus ces enseignements. Le cycle visible est clos.


S’ouvre alors l’ère d’un christianisme intérieur, initiatique, fidèle à l’esprit sans être prisonnier de la lettre. Cette lettre constitue un sommet de la doctrine rectifiée, au même niveau que les Instructions de la Grande Profession ou le Code Maçonnique des CBCS.
Il est significatif que ni Türckheim — qui ne possédait que le grade de G.P.R. ✠ — ni Salzmann — fidèle au silence voulu par Willermoz — ne révélèrent quoi que ce soit des grades Coën. Le seul à se livrer à une quête active fut le Frère a Garba, de Raimond de Besançon, qui tenta discrètement de retrouver les premiers grades pour satisfaire les Princes
de Hesse. Selon les archives de l’Ordre, il y serait parvenu partiellement, sans jamais en informer Salzmann. Enfin, il est à noter que ni Joseph Antoine Pont, ni Willermoz neveu (Eq.Lilio Albo) ne furent G.P.R. ✠, encore moins Coën.

1779

Cahier S 1 ; praevaricatio lucifer factus est satanas seductionis et lapsus horribilis hominis

Cahier S 3 ; Dormit!

Cahier S 2 ; pingis expiatoriae passionis et purificationis

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